Pour ceux qui n'avaient pas compris en 2008 ni en 2010 ni encore en 2011, voici la réédition de ce papier où vous comprendrez comment de la fumée est transformée en milliards puis des milliards transformés en fumée.

Beaucoup de personnes se plaignent de ne pas comprendre ce qui se passe, pourquoi les bourses craquent, pourquoi des banques font faillite, pourquoi le capitalisme semble (semble) aller bien mal... C'est pourtant très simple...

Imaginez que, dans la vie quotidienne, certaines personnes aient le droit de tout payer avec des chèques TOTALEMENT GARANTIS PAR LES BANQUES. Vous allez au supermarché, vous payez avec un chèque. Tous les clients privilégiés aussi. Mais le patron ne dépose jamais les chèques. Quand il va acheter une voiture, il paie avec tous ces chèques. Ou bien il en fait un autre. Idem, le concessionnaire ne dépose jamais les chèques. Il les échange contre des appartements, par exemple.

Vous comprenez que, bien vite, tous ces chèques sont "en bois", et ne sont compensés par aucun dépôt, mais quelle belle vie ! Vous comprenez aussi que, les chèques étant illimités, et les biens limités, le prix de ceux-ci flambent ! Donc, les actions des entreprises qui produisent ces biens (ou services) flambent. Et tous les faiseurs de chèques et tous les actionnaires sont heureux.

Evidemment, tous ceux qui n'ont pas le droit de faire des chèques, les pauvres, et qui doivent payer au comptant ne sont pas contents, car les prix flambent pour eux aussi. Le prix du pain est multiplié par dix ? Le chèqueur signe, peu lui importe. Mais le payeur en espèces est au plus mal...

Puis, un jour, un frimeur, pour s'amuser avec des vrais sous et s'en mettre plein les poches, dépose un gros chèque à la banque. Catastrophe. Il n'y a pas autant d'argent sur le compte. Mais comme le chèque est garanti par la banque de l'émetteur, elle doit payer. La somme est tellement énorme que cela se sait rapidement. Scandale. Boule de neige.Tous ceux qui ont des chèques se réveillent, et vont les déposer en vitesse dans les banques. Qui croulent ainsi sous les chèques "en bois", et n'ont pas assez d'argent pour tout le monde. Et n'ont même plus assez d'argent pour les pauvres... Le commerce se porte mal, les bourses chutent gravement.

Mais comme elles avaient garanti tous les chèques, les banques font faillite. Et comme il n'y a plus assez d'argent, les Etats doivent en "injecter dans le système" et "racheter" tout ou partie des banques en crise (c'est-à-dire les nationaliser plus ou moins complètement).

Ici, notons d'ailleurs qu'il y a deux avis opposés. Si le Gouvernement est de droite, les médias disent que c'est courageux de sa part de nationaliser malgré sa doctrine de privatisation générale. Si le Gouvernement est de gauche, les médias dénoncent l'inconscience, la mauvaise gestion, l'ignorance crasse des lois du marché et autres méfaits économiques de sa part.

Au final, nombre de ceux qui ont fait des chèques en bois récupère pas mal de "vrai argent". Les plus riches se sont même bien enrichis en rachetant plein de banques ou d'entreprises jusqu'à 80% moins chers. Les entreprises, tout particulièrement, permettent de faire d'excellentes affaires, car elles sont toujours capables de fabriquer de bons produits ou services mais il faudra pouvoir attendre qu'elles retrouvent des clients... après la crise...

Quant aux classes moyennes mais les classes les plus pauvres aussi, elles vont payer davantage d'impôts, directs ou indirects, pour "rembourser" tout l'argent que les Gouvernements ont dû "injecter dans le système".

Conclusion : après une grave crise financière, les ultra-riches sont encore plus riches, les Etats et les classes moyennes sont sensiblement appauvris, et les ultra-pauvres sont encore plus pauvres.

Votre dévoué Docteur Duchmoll