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François Hollande vu par Manuel Valls.

Quand un ministre, quel qu'il soit, prend de plus en plus de poids politique au détriment du président de la République, cela ne prouve pas les qualités de celui-là mais la faiblesse d'exécution de celui-ci, exécution comme pouvoir exécutif.

Seuls deux présidents, de Gaulle et Mitterrand, eurent l'envergure nécessaire pour ne pas se laisser déborder. Et Mitterrand fut sans doute le meilleur, puisqu'il réussit à déborder, lui, son Premier ministre de cohabitation, Chirac.

Chirac, qui avait gommé Giscard, fut lui supplanté par Jospin et Sarkozy. Et celui-ci fut constamment dépassé par le discret Fillon, premier Premier ministre à avoir pu s'imposer pendant un mandat présidentiel complet, périodes de cohabitation exceptées.

François Hollande perd de plus en plus de pouvoir, à cause de lui-même, non à cause de ministres qui s'en emparent, de voir les failles immenses, le vide, la carence d'autorité démocratique.

Le président essaie parfois de regagner son autorité politique par autoritarisme sur ses ministres, soit de la manière la plus stupide qui soit.

Ainsi, Le Canard Enchaîné a rapporté que le président avait fait enregistrer ses règles et consignes de communication, lors d'un Conseil des Ministres. Par magnéto. Une première technique à l'Elysée dans l'histoire de la Vème République.

Ce déclin de son autorité continuera au fil des mois car, cet épisode Leonarda nous l'a révélé de manière brutale (où il est devenu le porte-parole et homme de paille de son puissant ministre), ses hésitations, indécisions et compromis affligeants ne sont pas le grand art politique dont on lui fit longtemps crédit, sans doute d'avoir battu Sarkozy et pour l'en remercier.

A moins qu'au fond de la piscine, il ne donne le coup de talon, quelques ruades seront nécessaires, pour reprendre la main. Non par autoritarisme et formalisme, armes des faibles, mais par un cap clair, des objectifs réels (quantifiés dans des délais précis), des priorités dans les moyens.

Bref, tenir la barre et veiller au grain.

Et s'il n'en est pas capable, d'avoir au moins l'intelligence de prendre un Premier ministre d'envergure, genre Aubry ou Delanoë.

Mais non pas Valls, évidemment, qui ne tient son pouvoir que de ses matraques, de ses pauvres Roms boucs émissaires et de la nostalgie du sarkozysme électro-médiatique. Et qui montrerait le vide de sa pensée policière à la première crise un peu sérieuse, donc, encore, la sottise du président de l'avoir choisi.

Philippe Dohy/.

© photo Audrey Lepetit-Castel Robitaille, fb