Réédition spéciale d'avril 2012 pour Barbara Carlotti,
chanteuse cosmique et intersidérante.

(Noter que Dider Porte, notre sympathique invité rieur et barbu, sera au Théâtre Dejazet du mardi 17 au samedi 28 avril inclus, pour nous donner quelques conseils exceptionnels quant aux présidentielles, tout en s'étonnant que Mélenchon sache rire, certes, mais pas se poiler. Infos et résas sur... clic --> http://www.dejazet.com/)

001_didier_porte__couverture.jpg

L'interview absurde de Didier Porte,
à propos de ce magnifique livre broché,
par Lord Gogo Duchmoll, baba des people.

Réédition en un seul billet, des cinq chapitres de mars 2011.

CHAPITRE 1

C'est dans la rieuse ceinture verte de Paris que Didier Porte nous a accueilli, et dans sa vaste demeure, nous, c'est-à-dire notre moitié anglaise et notre moitié belge.

Didier Porte est un humoriste politique de classe hautement supérieure, mais qui sait rester drôle avec le peuple, qui réside dans un vaste appartement bon enfant (nombreux jouets casse-gueule) où chaque mur tient debout, preuve que ça ne va pas si mal que cela pour lui, non, non, ce magnifique logis n'est pas un squat.

Nous nous assîmes, non pas l'un l'autre, mais séparément, dans de larges divans accueillants, si accueillants que c'est à croire que Didier Porte recrute pour un obscur parti politique pétri d'idéaux grandioses monnayables rapidement.

Tandis que je présidai à l'installation des instruments nécessaires à ma fonction scripturaire, je revêtis aussi mon casque de sécurité Duchmoll obligatoire, à savoir le béret basque rouge protecteur cérébral. Soyez prudent au volant et sortez couvert.

G - Cher Monsieur, cher humoriste, cher ami français, vous vous appelez Didier, certes, mais Porte aussi. Alors, pourquoi ne pas avoir intitulé votre magnifique ouvrage de 254 pages pour un prix alléchant, non pas "insupportable" mais "portable" ? d'autant plus qu'il l'est facilement, portable !

D - Parce que "portable", ce n'est plus vraiment porteur. Commercialement. Les gens ont déjà un portable, ils ne vont pas en acheter un deuxième seulement parce qu'il y a mon nom dessus. D'ailleurs, Porte ce n'est pas mon vrai nom. Je l'ai pris pour faire rêver notre public : une porte, on peut toujours finir par l'ouvrir, et moi, je ne suis pas du genre à la fermer.

G - Ah ! Pouvez-vous nous dire quel est votre vrai nom ?

D - Non. Je tiens à protéger ma famille.

G - C'est bien vrai, le temps est couvert... Didier Porte, dès le début de votre livre à 14,90 € pour 254 pages, vous attrapez le lecteur, ou trois lectrices, par un crescendo éblouissant. Sur la couverture, un mot, "Insupportable", le reste ne compte pas, un sous-titre est un sous-fifre. Puis, la première phrase du texte fait 2 mots, la deuxième, déjà 17 ; la troisième : 23 ; et cela continue : 32, 47, 56 même ! Pourquoi ?

D - Parce que j'ai voulu avoir une progression dramatique et déboucher, si je puis dire, brutalement sur EMPROSÉ car j'emprose le président !

G - Vous l'emprosez, vous voulez dire que vous l'enfifrez ?

D - Parfaitement. Je le gomorrhise, le pointe, le mise, le tape dans l'oignon, lui dore la lune, le case, l'endauffe, l'empétarde, l'entrouducute, l'enfauconne, l'empoupe, l'encaldosse, l'encale, l'emjambe, l'empapaoute. Je l'ai dans l'oeuf. Je lui mets la rosette. Je le derge, l'écluse du caoua, lui tourne le feuillet, le tringlomane dans le zéro et le chevauche à l'antique.

G - Bravo !! En quelque sorte, vous lui faites traverser l'histoire d'un geste, cette geste qui le socratise jusqu'à la prise de la pastille.

D - Bien dit, my Lord, la pastille. Et je lui cause à rebours.

G - Chacun est libre de sa vie privée, enfin pour quelque temps encore, profitons-en. Didier Porte, vous vous êtes fait ardemment postfacer par Raoul Vaneigem, dont la vigoureuse belgicité n'est plus à faire. Pourquoi ?

D - Parce que je trouve indispensable de donner du travail à un peuple dans la gêne, et je dirais même dans le génocide culturel, tant ce qu'on fait aux francophones belges est désastreux. J'ai voulu aussi rendre service à un très grand intellectuel trop peu lu et écouté de ce côté-ci du Quiévrain, qui veut quand même dire "bois aux chèvres", je vous le rappelle. Quoi de mieux pour faire sortir le loup du bois ? De plus, il bosse gratos ; et c'est d'ailleurs la principale raison ; et c'est même la seule, à vrai dire.

G - En somme, Didier Porte, le faire travailler plus en gagnant moins, c'est une bonne manière de l'endurcir à ce qui l'attend ?

D - Oui, à son âge, il rêve d'être mieux endurci.

G - Ah ?

D - Vous avez quand même Virginie Efira !

G - Oui, et Christine Ockrent.

D - C'est vrai, c'est vrai. Mais elle est beaucoup plus chère.

G - Vos liens merveilleux avec l'un de nos pays nous touche effrontément, vous me savez belgo-écossais. Nous ne pouvons donc que vous encourager à persévérer dans les postfaces hardies grâce auxquelles vous pourriez décrocher une chronique quotidienne sur Belgique Cul, voire Angleterre Cul, par mon entregent.

D - Vous êtes très gentil, Lord Gaga bobo, mais

G - Gogo baba.

D - Dans la vie, il y a toujours des Go! et des bas, my Lord. Mais Angleterre Cul me semblerait trop absurde pour ma pratique de la langue anglaise. En revanche, Belgique Cul élargirait le bassin de ma clientèle ; non pas en quantité puisque c'est un petit pays de plus en plus petit, mais en qualité. Les Belges ont tellement d'humour ! et ils ne sont pas susceptibles de se choquer lorsqu'on se propose d'empastiller un président de république du sud.

G - Didier Porte, vous n'ignorez pas que Raoul Vaneigem, votre postfaceur, est un ultragauchiste anarcho-autonome caractérisé. Or la révolution belge de 1830 commença avec un opéra patriotique, la Muette de Porte ici. Porte ici, Porte là... Didier Porte, préparez-vous une nouvelle révolution, ici ou là ?

D - My Lord, vous avez décelé habilement ce puissant déterminisme historique auquel je ne saurais me soustraire, fut-ce au prix de devoir laisser ma marque dans l'Histoire.

G - Quand même, vous ne trouvez pas ça bizarre, Didier Porte, vous qui dominez les siècles avec cette érudite aisance que vous envie si souvent qui vous savez, que le personnage principal d'un opéra soit une muette ?! Surtout d'un opéra qui a déclenché une révolution ? Cette muette représenterait-elle la majorité silencieuse qui voudrait s'exclamer "Assez ! Cessez ça !!" ?

D - Evidemment, my Lord, bravo, vous êtes en plein dedans... La Grande Muette, n'est-ce pas l'armée ? Et n'est-ce pas l'armée qui a permis la révolution tunisienne. Vous voyez, Duchmoll, il y a là tout un faisceau d'indices qui donnent à penser que la majorité des militaires appartiennent à la mouvance ultra-gauche anarcho autonome, courant encore plus actif depuis le Général Alcazar...

CHAPITRE 2

G, Lord Gogo Duchmoll - Didier Porte, voudriez-vous cocher une réponse et une seule : la révolution tunisienne est :
O insupportable
O exportable
O support de câble
O du passé faisons table rasable
O reportable
O déportable en Libye
O transportable par pipe-line
O michèlalliomariable

D, Didier Porte - En plein dans les miches, my Lord. Car Michèle est l’héroïne de cette révolution, sa victime expiatoire, c’est la nouvelle Rosa Luxembourg. Par sa déclaration d’une bêtise abyssale, elle a ouvert les yeux des Tunisiens et leur a donné la volonté de lutter pour leur indépendance. Ils se sont dit « Quoi, c’est ça le cerveau des maîtres de nos maîtres ? C’est comme ça qu’ils pensent ? Allons-y, on n’a vraiment rien à craindre. »

G - Didier Porte, examinons maintenant votre fameux livre Insupportable, qui fait un tel tabac qu’on est désormais obligé de le vendre à l’extérieur des librairies pour non-fumeurs, et penchons-nous sur la page 1. Vous dites que, le 23 juin 2010, vous campiez sur votre paillasson. Pourquoi, alors que votre appartement est si beau et si bien chauffé ?

D - Parce que c’est l’aléatoire de ma condition, parce que j’anticipais ce qui allait m’arriver, parce que je sentais que j’allais me faire virer de la France Inter comme un Rom, parce que j’eus cette fulgurance prémonitoire qui caractérise tout génie littéraire, parce que si vous continuez à me casser les couilles, je vous vire.

G - Ne craignez rien, Didier, j’en prendrai soin. Mais vous précisez ensuite, avec ce très grand génie littéraire qui vous caractérise, et qui n’est pas seulement pré-monitoire mais carrément monitoire, avec un sens aigu de l’observation digne d’Henri Fabre, ce fameux entomologiste français qui faillit avoir le Prix Nobel en 1911, mais qui se vit devancer par le belge Maurice Maeterlinck, auteur d’une Vie des Abeilles palpitante, tant qu’il en reste, vous dites que votre facteur a un coeur qui bat sous sa casquette, autrement dit qu’il n’a plus ni tête ni cou. J’y vois une manière subtile de souligner la décapitation en cours de tout le service public. Mais comment faites-vous, Didier Porte, pour trouver de telles métaphores, tellement cinglantes ?

D - Ecoutez, mon vieux, faudrait lire un peu plus. Mon secret est simple : j’ai choisi un grand auteur, le plus grand de tous, et je le copie à fond. C’est dur, mais cela vaut la peine : je lis et je relis sans cesse PPDA.

G - Oh la la, ça c’est un scoop ! Vous allez faire des heureux, y compris PPDA !!

D - Il y a longtemps qu’il se demandait qui était son lecteur. C’est moi. C’est moi, son fils littéraire né sous X, et qui viens lui dire « Papa, reconnais-moi ».

G - Bravo, Didier Porte, bravo ! C’est très émouvant larmes. Vous dites aussi, toujours dans cette première page, ce n’est pas la modestie qui m’étouffe, et pourtant, on sent bien que vous vous étranglez parfois, alors, qu’est-ce qui vous étouffe, Didier Porte ?

D - Ce qui m’étouffe, ce qui m’étrangle, ce qui m’indigne, c’est l’injustice des ventes. Indignez-vous m’indigne ! 500.000 exemplaires !! Alors que je n’ai pas encore vendu 50.000 du mien ! Dites-moi, il n’y a pas de quoi pester, râler, rager, hurler ?!! Cela dit, en se faisant aussi vite un tel paquet d’oseille, ce brontosaure des bachi-bouzouks force le respect. Il va pouvoir partir avec un tas de nanas très très cools aux Bahamas. Et moi, je fais quoi ?! Alors ?! Vous êtes baba dans le rhum, hein, moule à gaufres, gogo des ectoplasmes ?! Mille sabords ! 500.000 exemplaires. Et vous avez calculé le rapport qualité/prix ? 3 € pour 30 pages et moi,
15 € pour 300 pages !

G - Oui, ça fait du 50%, mais ça prouve votre bonté. Vous êtes un saint, Didier Porte, et les saints sont rares...

D - Ouais, ouais, vous êtes gentil, mais le paradis des Bahamas, c’est lui qui va se le taper.

CHAPITRE 3

G, Lord Gogo Duchmoll - Je voudrais revenir sur votre facteur étêté. Vous dites qu’il est « préposé aux mauvaises nouvelles ». Voudriez-vous dire qu’il s’appelle président du G20, président du G8, président du G1 grozavion et Chef du Monde Libre ?

D, Didier Porte - Ecoutez, my Lord, ça me fait plaisir de voir que vous partagez ma peine, mais il ne faudrait pas exagérer et invalider l’image de mon facteur, qui est quelqu’un de très respectable, de taille moyenne, et sans le moindre mouvement suspect dans le haut du corps. Non, il ne s’appelle pas comme vous dites. De plus, il envisage parfois en souriant de devenir barbu.

G - Voudriez-vous suggérer par là que les barbus devraient s’initier à l’humour pour mieux porter, comme vous, le poil là où ça chatouille ?

P - Voyons, Lord Gogo ! Tous les barbus ont de l’humour, c’est légendaire ; par exemple : Fidel Castro, Ivan Rebroff, le petit Carlos à Dolto, Mahmoud Ahmadinejad, et l’un des plus drôles, Raspoutine. Alors que les glabres comme vous-même, my Lord, sont manifestement sinistres et fâcheux. Mais n’oubliez jamais que l’humour a deux faces, dont une pile poil, et que l’histoire tranchera tous les raseurs.

G - Ah, Didier Porte, vous me réjouissez. C’est tellement rare de rencontrer un barbu qui s’aime aussi bien !! D’ailleurs, vous écrivez formidablement, dans ce même livre formidable si bien écrit, que vous pourriez écrire des dizaines de pages sur vous-même, tellement le sujet vous passionne. Voudriez-vous avoir l’immense bonté de me les dicter, vous-même, maintenant, pour que nos lecteurs apprennent à travers ce modèle vivant à s’aimer mieux ?

D - Evidemment que je m’aime moi-même mais ce n’est pas difficile, vu la richesse du sujet et son caractère stimulant. Je suis beau et intelligent, oui, et alors ? C’est un simple constat, une information qui n’a besoin d’aucune réflexion. N’espérez pas me faire tomber dans un narcissisme vulgaire. Ou alors, ce serait un travail de commande...

G - Vous voulez dire que vous voudriez être payé pour dire du bien de vous ?

D - Mais oui ! Et j’aurais ainsi un alibi professionnel en béton pour dire, malgré ma délicate réserve naturelle, tout le bien de moi, que l’on doit penser de moi, et dire de moi, quand on parle de moi, et plus vite que ça, gogo des Papous !

G - Oui, je lance ici, à l’instant, oyez, entendez-vous, entendez-nous, une souscription auprès de nos meilleures lectrices millardaires ou de nos lecteurs riches et pas trop jaloux.(Etablir les chèques à mon ordre, je transmettrai par tranche de millions d’euros.)

Didier Porte, je voudrais revenir à un fait précis et troublant de votre étonnante vie aventureuse. Pourquoi dans ce livre de culpabilité, de repentance et d’amour, ce qui va si souvent ensemble, faites-vous soudain un écart surprenant en doublant un myopathe par la droite ?

D - Je suis souvent un peu nerveux dans ma conduite des deux-roues. J’aime la fluidité de la circulation, ce qui à Paris me vaut de cruelles déconvenues. Alors que dans vos charmantes contrées belges désertes mais bien mieux équipées, je suis tout de suite plus à l’aise.

G - Mais comment, Didier Porte, avez-vous pu pardonner aussi vite, aussi facilement, aussi complètement, à cet individu lourdement handicapé, de vous avoir fait un doigt ?

D - Parce que c’était clairement son dernier organe sensible. Ou même disponible. Peut-être voulait-il simplement me souhaiter Bonne M...

G - Vous êtes insupportable ! C’est vous qui le dites, c’est vous qui le répétez, et c’est insupportable. Car vous êtes un people du peuple ; or "people" signifie "peuple" donc vous êtes un double people, Didier Porte. Alors ?

D - Je suis un métapeople.

CHAPITRE 4

G, Lord Gogo Duchmoll - Bravo ! Pourtant, dans cet ouvrage de Didier Porte, écrit par vous-même, vous ne cessez de vous accuser de, je cite, « sale type, récidiviste, incontinent verbal, malséant, inverectiveur, sarkopopophile, répugnant usager du service public, d’usager de vocabulaire gras, ordurier, de baudet, parano, vulgaire pas drôle, menteur, hitléro-trotzkyste, camarade de crapule post-stalinienne » etc, pendant des dizaines de pages que vous auriez pu consacrer à vous aimer vous-même davantage, pour notre plus grand plaisir. Pourquoi ?

D, Didier Porte - C’est une coquetterie auto-flagellante, destinée à enrichir le vocabulaire de mes contempteurs et bourreaux, pour leur donner des moyens lexicaux dignes de ma compagnie car leur appareil à anathèmes est si pauvre qu’il n’est pas du tout gratifiant pour moi. Qui supporterait d’être insulté par des gens tellement dépourvus de capacités sémantiques élaborées ?

G - Oui, Didier Porte, oui, dites-nous franchement comment suivre votre bel exemple pour nous orienter plus activement vers le stalinisme démocratique de l’autocritique systématique nuancée.

D - Vous m’avez mal compris, my Lord. Les sous-sol de la loubianka n’était pas fréquentés par de joyeux rigolos. Il fallait parler mais... on n’avait pas le temps de parler. On avait juste le temps de recevoir une balle dans la nuque.

G - Je comprends mieux puisque, déjà à la page 27, vous refusez « l’autocritique circonstanciée à la chinoise »...

D - Pourtant, cette belle convivialité des Gardes Rouges ne doit pas la faire rejeter complètement.

G - N’est-ce pas une contradiction ?

D - Et alors ?! Qu’avez-vous contre les contradictions ? Je suis un disciple d’Hegel remis à l’endroit par Marx, et je vous empomme, my Lord à binationalité bi bâtardique, too bi to be free !

G - Vous n’aimez pas que je vous contredise ?

D - Et je vous empoire, babard !

G - Hum... vous n’aimez pas la contradiction, finalement.

D - Je vous interdis de me faire rire, anglo pachy zouk zouk belge !

G - Ah oui, biloute ! comme j’envie votre fameuse richesse lexicale. Vous me trouez, Didier. Vos lecteurs et les nôtres doivent-ils vous écrire pour mieux se dénoncer eux-mêmes de penser du bien de vous ?

D - Non. J’en ai marre des dénonciations. Moi-même, je ne sais plus à qui dénoncer mon sympathique voisin du cinquième, un brave musulman un peu louche. L’autre jour, dans l’ascenseur, il était sur le sol en faisant semblant de chercher des clés. Mais, curieusement, il était tourné vers La Mecque... C’est pas bizarre ça ? Alors maintenant, je me méfie, et je ne prends plus mes clés sur moi dans l’ascenseur. Ce qui m’oblige à remonter par les escaliers pour aller les rechercher.

G - Dans votre ouvrage, vous nous révélez avec courage que notre président a moins de huit ans. Mais quelques mois plus tard, à nouveau sur mediapart.fr, vous nous dites qu’il a quatorze ans d’âge mental. Comment expliquer une maturation aussi rapide ?

D - Par chance, je connais personnellement, dans l’intimité, Patrick Poivre d'Arvor. Je vous assure qu’il grandit très vite. Vous aussi, vous aimeriez beaucoup cela, grandir très vite, n’est-ce pas ?

G - C’est vrai, cela m’arrive quelquefois, et ce n’est pas désagréable... Didier Porte, vous désapprouvez souvent ceux qui sont durs avec les faibles et doux avec les forts. Mais vous rendez-vous compte que, s’il y avait de moins en moins de dictatures dans le monde, nos marchands d’armes auraient de plus en plus de difficultés à vendre leurs nouveaux produits qui écrasent les gens même en écrasant les prix. Alors... les nombreux médias qu’ils possèdent auraient beaucoup moins de ressources, et nombre de journalistes honnêtes, impertinents, justiciers, investigateurs, intelligents et personnalisés, seraient licenciés. Alors ?

D - Alors, my Lord, il faut qu’ils soient encore plus caressants avec les patrons, plus aimables avec les actionnaires, plus délicats avec le pouvoir, et...

G - Et ?

D - Et vous commencez sérieusement à me courir sur le haricot.

G - Vraiment ? Si vous voulez, on arrête.

D - Mais non !! Vous devenez sérieux, maintenant ? C’est parce que je ne sais pas quoi vous répondre d’autre.

G - Ah. J’en suis ravi.

D - Il reste combien de questions ?

G - Trois.

D - Eh bien, c’est pas trop tôt.

G - Pourquoi trouvâtes-vous le 17 novembre 2006, ce que vous écrivâtes à la page 59, que l’ancien directeur de France Inter, le « dénommé Schlesinger », était « très laid, tout petit, méchant, avec un drôle de nom et que si ça se trouve, il était allemand » ?

D - Parce que j’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour lui, mais quand je fais des compliments sincères, je manque de conviction, alors je préfère insulter copieusement les gens, alors tirez-vous, ectoplasme des Carpathes, zouave à fromage, anthropopithèque de Tombouctou.

G - Merci, je suis ému. (silence, soupir d'aise) Didier Porte, très cher Didier Porte, vous nous faites souvent rire aux éclats ; par exemple, et ce n’est qu’un extrait, aux pages 9, 26, 27, 31, 37, 39, 41, 44, 45, 47, 49, 50, 52, 53, 54, 57, 59, 62, 63, 64, 65, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 80, 82, 83, 84, 90, 93, 94, 95, 96, 97, etc. ; et ce, jusqu’à la fin, à page 241. Pourquoi vous être arrêté aussi brutalement sur un chiffre aussi peu rond tout en nous laissant sur notre faim. Vous ne pouvez pourtant pas ignorer, depuis Rabelais, notre grand maître créateur de l'Absurde et qui savait aimer avec un bel appétit tout ce qui était rond, vous n'ignorerez pas, dis-je et redis-je chaque jour, que rire est bon pour la santé, physiologique et démocratique ?

D - Ecoutez, my Lord, j’ai eu une formation économique et je sais ce qu’il en est de la Théorie de la Valeur. A la page 241 exactement, j’avais épuisé les contreparties humoristiques correspondant à la somme de 14,99 €.

G - Au centime près ? c’est génial. Il est vrai que ce n'est pas un chiffre rond non plus. Ah, c'est donc comme ça, le monde de l'édition ?! Formidable !! D’ailleurs, combien payez-vous les journalistes qui font de la publicité discrète pour votre ouvrage captivant et tellement, tellement, tellement, tellement, drôle ?

D - Un bon coup de pied au cul.

G - Merci, c’est très tentant, Didier Porte, vous êtes si proche du capitaine Haddock, finalement, mais je préfère me sacrifier et vous demander d'offrir cette inestimable pointure à notre grand agité de la déconnectitude, que vous arrosez tant, copieusement, si souvent, que l’on découvre, surpris, grâce cette interview magnifique avec un être humain rare, que vous lui gardez de nombreux compliments en réserve d’emprosement.

D - Hahahahahahahaha.

FIN

Annexes, notes, références, bibliographie, appareil critique international, dates, lieux, éléments historiques, vie de Léopold I, travaux préalables, plan, remerciements, pagination, illustrations, crédits, recettes de cuisine économiques et diététiques à base d'eau courante... le tout sur simple demande et chèque respectable, à l'ordre de Didier Porte & Lord Gogo Duchmoll. Merci.

  • Propos recueillis, de temps en temps, par Lord Gogo Duchmoll, le baba des peoples, pour l’Agence Mondiale Duchmoll en janvier 2011.
  • La première apparition publique de Lord Gogo Duchmoll, le baba des peoples, a eu lieu le mercredi 19 janvier 2010 à 15h30, lorsque nous avons envoyé ce correspondant AMD (anglo-belge, tout comme Léopold de Saxe-Cobourg Gotha, qui devint le premier roi des Belges, Léopold I, le 21 juillet 1831), interviewer par l'absurde le terrible Didier Porte, féroce humoriste politique, qui pourtant craqua à plusieurs reprises.