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Thomas Legrand, extrait de sa chronique politique
de ce matin sur France Inter :

C’est la première fois qu’un dirigeant de l’un de ces
deux pays soutient si clairement la candidature de l’autre.

Oui, c’est inédit et donc on ne peut pas savoir quel en sera l’effet sur l’opinion. L’Allemagne c’est du solide, du carré, de l’efficace. Avoir le soutien d’Angela Merkel ça peut valoriser mais ça peut aussi être vécu comme une injonction déplacée.

Le couple franco/allemand est-il le cadre d’une réunion de politique intérieure ? « Nous sommes de la même famille politique » dit madame Merkel, ce qui, au passage, rabaisse le Président au niveau de chef de parti.

De quoi créer un malaise pour le téléspectateur français. Institutionnellement, la chancelière est chef de parti, responsable devant son parlement, elle n’est pas chef de l’Etat ! Le président français lui est responsable devant l’ensemble du peuple français !

Madame Merkel a aussi cherché hier à rassurer sa population en montrant qui porte la culotte dans le couple Franco/allemand ! L’entourage de François Hollande fait malicieusement savoir que certains d’entre eux ont déjeuné récemment avec l’ambassadeur d’Allemagne en France, à sa demande, pour parler de l’avenir probable.

Les Allemands savent aussi lire les sondages. Angela Merkel prépare déjà la suite et a clairement signifié qu’elle ne voulait pas renégocier ce qui avait été signé par Nicolas Sarkozy. Nous sommes au cœur de l’ambigüité : D’où parle madame Merkel ?

Quand elle dit, de Nicolas Sarkozy et d’elle-même, qu’ils sont de la même famille politique, nous assistons à un entretien avec des représentants de la droite européenne. Puis la chancelière explique que le traité ne peut pas être renégocié parce qu’il s’agit de parole d’Etat… Qui parle ? La représentante de la CDU ou l’Allemagne ?

Le politique et le diplomatique ne font pas forcément bon ménage et ce qui faisait la force des précédents couple franco/allemands c’est que, au-delà de leurs étiquettes politiques (d’ailleurs chaque fois opposées), ils parlaient pour leur pays et pour l’Europe, jamais pour leur parti. Cette impression s’est un peu brouillée hier soir.

© Thomas Legrand ; chronique complète sur http://www.franceinter.fr/emission-l-edito-politique-merkelsarkozy-une-interview-commune-et-ambiguee