Compatriotes,

L'heure est grave. L'heure est tellement grave que, pour une fois, je vais prendre 15 jours pour réfléchir.

Certains diront que si j'avais pris 15 jours pour réfléchir ou même rien qu'une semaine ou même au moins quelques heures, dès le début de mon règne, et pendant, j'eusse été bien plus, qu'est-ce que je dis, Henri ?

Dès que tu fous un submachin passé, ça me déconcentre, je t'ai déjà dit. Excusez-moi une minute, Compatriotes. Viens ici, Henri.

(quelques heures plus tard)

Compatriotes, merci de votre patience, mais en même temps, vous y gagnez, vous avez moins de 15 jours à attendre, maintenant, hihihihi.

Je ne peux pas vous dire ce que je dirai dans 15 jours (moins quelques heures, hihi). C'est ultra-top-secret. C'est tellement ultra-top-secret que même moi je ne le sais pas.

Sauf que moi, je ne me présenterai pas à la présidentielle, car je me planterais trop, alors je cède la place électorale à mon ami François, je tiens à le souligner, de bon coeur, le premier ministre, pas l'autre, l'ennemi intérieur...

- Dis Henri, excusez-moi, Compatriotes, pourquoi t'as souligné mon texte ?

- Parce que vous le soulignez en parlant.

- Bhein oui, mais alors t'aurais dû écrire "je tiens à le souligner, de bon coeur" avant ce que je souligne ! J'ai pas souligné en parlant puisque je l'ai vu après.

- Pourtant vous l'avez souligné.

- Ah bon ?

- Oui, c'est instinctif, chez vous.

- Tu crois ?

- C'est inné, c'est naturel, ça sonne juste, c'est parfaitement souligné ni trop ni trop peu.

- Bhein alors, t'avais pas besoin de souligner puisque je ne l'ai su qu'après.

- Pardonnez-moi de vous contredire, monsieur le Président, surtout devant nos Compatriotes, mais vous avez souligné instinctivement parce que c'était souligné. Après, le dire, c'était pour que les Compatriotes sachent ce que c'était qu'ils avaient si fort ressenti.

- Putain, t'écris mieux que tu parles, toi. Bon, soit. Mais la prochaine fois écris-le quand même avant.

- Avec plaisir.

- J'espère bien mon petit Henri.

- Vous trouvez que je suis petit ?

- Tu te fiches de moi ?

- Mais non, mais.

- Alors tant mieux. Excusez-nous Compatriotes, mais vous voyez comme je dois bosser dur avec cette bande de pinailleurs ? Je dois tout réformer moi-même, même mes discours...

Alors, d'après les bruits de couloir que m'a répétés Henri le looser du subjonctif machin et du soulignement, la perte du Triple A, c'est grave, mais moins pour moi que pour vous, en fait.

Et pourtant, c'est la faute des socialistes qui veulent mettre le pays à feu et à sang, en guillotinant les riches à la place de la grève.

Ils veulent la guerre civile, et franchement, je trouve que ce n'est pas bien, alors que les Turcs comptent bientôt nous attaquer tellement ils sont susceptibles.

Les socialistes, Compatriotes, cachent en fait des communistes purs et durs, avec des goulags pour vos enfants et vos amis dans le froid. Réfléchissez-y.

Si vous perdez des gens que vous aimez bien, n'est-ce pas plus grave que de perdre un A américain, volé par une Agence qui s'est toujours trompée ?

Moi, c'est vrai, je suis un fièvreux fébrile turbulent agité du bocal, soit. Je suis un petit chaos, soit. Mais les socialistes ? C'est la guerre, la guerre mondiale, la guerre mondiale atomique, avec eux, assurée.

Alors ? Quand vous mettrez le bulletin dans l'urne, pensez que c'est un bouton atomique.

Et entre ces deux "bazaars", comme dit le Docteur Duchmoll, j'aurais dû l'écouter du temps où j'avais encore des oreilles, hihi, il y a la voix douce, mielleuse et endormante de mon grand grand ami François qui me nommera Premier ministre, pour que ça continue à décaper, héhé.

Merci, l'heure est grave, ne sortez plus de chez vous pendant 15 jours, sauf pour acheter de la nourriture et des armes (ceux qui pourront acheter un avion Rafale seront sauvés, c'est évident).

Vive la Marseillaise, vive la Crise.

Henri, c'est pas mal, ton discours, c'est supersolide.

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