D - Mon cher Bernard, pour inaugurer nos entretiens scientifiques, joyeux et humanistes, j'aimerais beaucoup que ce fût vous qui apprissiez à nos Duchmollautes, pourquoi vous allez danser sur le pont d'Avignon, et dans quelle tenue ?

B - Pourquoi je vais danser sur le pont d'Avignon ? Tout simplement parce que sur le pont d'Avignon, on y danse, euh... on y danse... Sur le pont d'Avignon, on y danse tous en rond. Et c'est l'occasion de rencontrer de belles dames qui font comme ça, et puis encore comme ça... Et c'est très agréable. En tout cas, moi, j'avoue que je ne m'en lasse pas.

Je n'ai pas encore choisi ma tenue pour aller danser sur le pont d'Avignon. On ne choisit sa tenue qu'au dernier moment. Ça dépend du temps qu'il fait. S'il fait soleil par exemple (ce qui est plutôt fréquent là bas, surtout en cette saison), je ne mets surtout pas mon vêtement de pluie. Ah ça, non. Mais s'il pleut, en revanche, je le mets. S'il neige, je mets mon anorak, mon fuseau, et mes après-ski. Et s'il y a du brouillard? me demanderez-vous... S'il y a du brouillard, je n'y vais pas, j'ai trop peur de tomber dans le Rhône.

A mon tour de vous poser une question : Comment avez-vous appris que j'allais aller danser sur le pont d'Avignon?

D - Je l'ai appris bien évidemment sur le Pont Neuf où coule, vingt-quatre heures sur vingt-quatre (24/24) (=1) (égale un) (symbole d'égalité et d'unité patriotique et aquatique), la scène des nouvelles fraîches.

En fait, la personne qui m'en a parlé n'était pas vraiment sûre. Ni de la nouvelle, ni en elle-même. Et quand une personne pas vraiment sûre me donne une nouvelle pas vraiment sûre, je me dis que la vie ne manque pas de piquants.

B - C'est sûr !

D - Vous poser directement la question eût été un peu cavalier. Et peut-être vous seriez-vous méfié si je vous avais dit Est-il vrai que vous allez danser sur... etc. ? - c'est une règle élémentaire du styliste de base que de ne pas répéter sans cesse "pont d'Avignon, pont d'Avignon, on y danse quand on est rond".

Vous auriez peut-être même cru que je voulais vous empêcher de boire ! Or non, pas du tout, surtout "sur le pont", sur la brèche, à la santé des amoureux, buvons un, aïe, oui, le terrain devient glissant, oui, passons, oui, par là, en chantant, ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Voilà. En tout cas, j'aime beaucoup votre explication, et ce serait sympa si vous pouviez envoyer, pour nos lecteurs demeurés,

B - Demeurés, dites-vous ??? Oh ! Ce n'est pas gentil, pour vos lecteurs !

Autant pour moi, je n'avais pas lu la suite...

D- Je vous en prie. Votre attention à eux est tout à votre honneur. Donc, dis-je, pour nos lecteurs demeurés, comme moi, ici, nous envoyer, quelques photos de ces belles dames qui font comme "ça" en tenue de fort soleil. Instance majeure du plaisir freudien, le Ça fut trop longtemps mis à l'index.

De plus, je trouve que vous avez raison d'être prudent. La pollution chimique dans le Rhône est en effet telle que toute personne qui en sort, rarement vive mais n'importe, est aussitôt emportée et vendue en kit au rayon "bonnes affaires" des magasins de bricolage en chimie.

La chimie n'est-elle pas une source de profits juteux dont nous, artistes, poètes, philosophes, clowns et savants, nous nous privons trop souvent ?

(à suivre)