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Docteur Valentin Duchmoll - Bernard Azimuth, votre pseudo commence par un A, votre spectacle actuel commence par un A, votre prochain spectacle commence par un A... Alors, vous comprenez que nous brûlions de l'envie de vous demander : Comment tout cela se termine-t-il, et pourquoi pas Albert ?

Bernard Azimuth - Ah ! Ah ! Je vais vous répondre ! Euh... Je vais tacher d'y répondre. Et là, déjà j'ai un doute... Tacher d'y répondre...? “Tacher” mérite-t'il un accent circonflexe ou non ? Je vérifie... Tâcher : Faire en sorte que... C'est bien ça.

Oui, un accent circonflexe ! Je vais tâcher d'y répondre. Sans accent circonflexe : tacher, c'est faire une tache. Oh la la ! Vous vous seriez dit : mais de quoi il parle ? Pourquoi dit-il qu'il va faire une tache ?

Bon, recentrons-nous ! Quelle était la question ? Oh la la ! Je n'avais pas vu. Il y a deux questions dans votre question.

Si je peux répondre d’une certaine manière à la première, je ne vois pas quoi répondre à la deuxième.

En effet, je ne comprends pas "et pourquoi pas Albert ?" A moins que vous me demandiez "pourquoi je ne m'appelle pas Albert ?" Je n'en sais strictement rien, moi ! Il faudrait demander à ma mère, ou à mon père, mais ça va être beaucoup plus difficile: il n’est plus.

Vous comprenez, ce n'est pas moi qui ai choisi mon prénom, ce sont mes parents. A ma naissance, j'étais trop petit, je ne parlais pas encore, comprenez vous ? Mes parents ont jugé que c'était à eux de choisir mon prénom. Aussi, je vous prie de m’excuser, je ne sais pas pourquoi ils ne m'ont pas appelé Albert.

Et maintenant, je vais répondre à la première partie de votre question.

Mais auparavant, excusez-moi, il faut que je vous parle d'un livre formidable que je viens de finir : Le roman du bois joli, un roman policier vraiment extraordinaire, écrit par le grand Mitchell Kromwalls.

Tout au long du livre, on se demande avec angoisse qui a bien pu tuer Miss Truidor, une jeune veuve de 58 ans... Il y a une intrigue exceptionnelle tout au long du roman... Et à la fin du livre, le lecteur comprend, de lui-même, que c'est son cousin Henry Mac Thomson qui l’a sauvagement assassinée parce qu’elle lui ressemblait trop.

Non mais franchement... Maintenant que vous savez la fin de Le roman du bois joli ça vous donne envie de le lire, ce livre ? Franchement ?

Non.
Non. Non. Non.
Definitively not.

Ben oui.
Ben oui. Jamais vous ne chercherez à l'acheter. Et dans un sens, tant mieux, puisqu’il n'existe pas.

Mais s'il existait ?
Hein? S'il existait ?

S’il existait, vous ne chercheriez pas à l'acheter, puisque vous connaissez la fin du livre de ce formidable auteur que dis-je ce géant de la littérature policière: Mitchell Kromwalls (qui n’existe pas non plus, du reste).

Bon, alors, vous comprenez, il n'est pas question que je vous dise comment se terminent mes spectacles ! Moi, voyez vous, j'ai envie que les gens viennent voir mes deux derniers spectacles "AH!" et "À table!". Il est HORS DE QUESTION, vous m'entendez: HORS DE QUESTION, que je vous dise comment ils se terminent !

Mes spectacles existent et j’existe. Et ce sont les métiers que j’ai choisis. Ecrire mes spectacles et les jouer. Et devant des salles pleines.

Non mais !

(à suivre)

Après plusieurs rencontres amicales de visu ou de telefonu, cette interview absurde de Bernard Azimuth, l'un des sept meilleurs humoristes de France, talonné de près par les six autres, s'est effectuée par mails. Elle a commencé ce mardi 7 juin 2011 vers midi.