Cliquer sur ce Tag pour lire ou pour relire le début de cette interview, réalisée le mercredi 19 janvier 2011 chez Didier Porte.

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G, Lord Gogo Duchmoll - Didier Porte, voudriez-vous cocher une réponse et une seule : la révolution tunisienne est :
O insupportable
O exportable
O support de câble
O du passé faisons table rasable
O reportable
O déportable en Libye
O transportable par pipe-line
O michèlalliomariable

D, Didier Porte - En plein dans les miches, my Lord. Car Michèle est l’héroïne de cette révolution, sa victime expiatoire, c’est la nouvelle Rosa Luxembourg. Par sa déclaration d’une bêtise abyssale, elle a ouvert les yeux des Tunisiens et leur a donné la volonté de lutter pour leur indépendance. Ils se sont dit « Quoi, c’est ça le cerveau des maîtres de nos maîtres ? C’est comme ça qu’ils pensent ? Allons-y, on n’a vraiment rien à craindre. »

G - Didier Porte, examinons maintenant votre fameux livre Insupportable, qui fait un tel tabac qu’on est désormais obligé de le vendre à l’extérieur des librairies pour non-fumeurs, et penchons-nous sur la page 1. Vous dites que, le 23 juin 2010, vous campiez sur votre paillasson. Pourquoi, alors que votre appartement est si beau et si bien chauffé ?

D - Parce que c’est l’aléatoire de ma condition, parce que j’anticipais ce qui allait m’arriver, parce que je sentais que j’allais me faire virer de la France Inter comme un Rom, parce que j’eus cette fulgurance prémonitoire qui caractérise tout génie littéraire, parce que si vous continuez à me casser les couilles, je vous vire.

G - Ne craignez rien, Didier, j’en prendrai soin. Mais vous précisez ensuite, avec ce très grand génie littéraire qui vous caractérise, et qui n’est pas seulement pré-monitoire mais carrément monitoire, avec un sens aigu de l’observation digne d’Henri Fabre, ce fameux entomologiste français qui faillit avoir le Prix Nobel en 1911, mais qui se vit devancer par le belge Maurice Maeterlinck, auteur d’une Vie des Abeilles palpitante, tant qu’il en reste, vous dites que votre facteur a un coeur qui bat sous sa casquette, autrement dit qu’il n’a plus ni tête ni cou. J’y vois une manière subtile de souligner la décapitation en cours de tout le service public. Mais comment faites-vous, Didier Porte, pour trouver de telles métaphores, tellement cinglantes ?

D - Ecoutez, mon vieux, faudrait lire un peu plus. Mon secret est simple : j’ai choisi un grand auteur, le plus grand de tous, et je le copie à fond. C’est dur, mais cela vaut la peine : je lis et je relis sans cesse PPDA.

G - Oh la la, ça c’est un scoop ! Vous allez faire des heureux, y compris PPDA !!

D - Il y a longtemps qu’il se demandait qui était son lecteur. C’est moi. C’est moi, son fils littéraire né sous X, et qui viens lui dire « Papa, reconnais-moi ».

G - Bravo, Didier Porte, bravo ! C’est très émouvant larmes. Vous dites aussi, toujours dans cette première page, ce n’est pas la modestie qui m’étouffe, et pourtant, on sent bien que vous vous étranglez parfois, alors, qu’est-ce qui vous étouffe, Didier Porte ?

D - Ce qui m’étouffe, ce qui m’étrangle, ce qui m’indigne, c’est l’injustice des ventes. Indignez-vous m’indigne ! 500.000 exemplaires !! Alors que je n’ai pas encore vendu 50.000 du mien ! Dites-moi, il n’y a pas de quoi pester, râler, rager, hurler ?!! Cela dit, en se faisant aussi vite un tel paquet d’oseille, ce brontosaure des bachi-bouzouks force le respect. Il va pouvoir partir avec un tas de nanas très très cools aux Bahamas. Et moi, je fais quoi ?! Alors ?! Vous êtes baba dans le rhum, hein, moule à gaufres, gogo des ectoplasmes ?! Mille sabords ! 500.000 exemplaires. Et vous avez calculé le rapport qualité/prix ? 3 € pour 30 pages et moi,
15 € pour 300 pages !

G - Oui, ça fait du 50%, mais ça prouve votre bonté. Vous êtes un saint, Didier Porte, et les saints sont rares...

D - Ouais, ouais, vous êtes gentil, mais le paradis des Bahamas, c’est lui qui va se le taper.

G - Oui... Il pourrait AU MOINS vous inviter ! larmes Je voudrais revenir sur larmes votre facteur étêté. Vous dites qu’il est préposé aux mauvaises nouvelles. Didier... voudriez-vous dire qu’il s’appelle... Sarkozy ?

(à suivre)