Ce spectacle a reçu le Label du Docteur Duchmoll.

Le temps patine Popeck. On dirait qu'il a fait toutes les scènes du monde, et défait tous les malheurs, par le rire de l'humble, qui cherche sa place d'histoire en histoire. Ses calembours sont parfois faciles, ses blagues juives sont parfois usées, pourtant il nous touche encore en nous les racontant.

Son personnage de petit bonhomme, "D'où ça vient Popeck ? C'est moitié polonais, moitié roumain", a comprimé en lui toutes nos contradictions. Son violon et sa valise nous le rappellent, nous ne faisons que passer, mais nous pouvons parfois chanter. "Je joue sur une seule corde. Et alors ? C'est pas vous qui les payez !"

Ses petits pas d'avare au grand cœur, de timoré grand râleur et de macho pour cacher ses fêlures, le font tenir. Tout en noir et blanc. Popeck fuit les chasseurs de gens et les tueurs d'âmes. Il s'enfuit mais il parle. Il reste debout.

Cette grande tendresse dans laquelle il nous entraîne, certains l'appellent encore fraternité. Popeck, dont chaque geste économe unit sans fébrilité le corps, le souffle et la parole, est devenu un monument bien vivant. Un arbre. Un ours. Un roseau.

Popeck est un petit Juif ashkenaze qui est mille Juifs ashkenazes qui est un million de Juifs qui est six milliards d'hommes. Le cœur de Popeck est un sanglot.

Philippe Dohy
Janvier 2010.

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