"L'élément nouveau de l'été politique est, sous couvert de sécuritaire, le basculement vers l'extrême droite du clan élyséen (Sarkozy relayé par Hortefeux, Estrosi, Morano), l'autre nouvelle est une confirmation explosive : Nicolas Sarkozy n'est plus le candidat gagnant de la droite pour 2012 ; il apparaît au contraire comme celui d'une triple défaite, électorale, morale, économique, ce qui ne peut manquer de réveiller ardeurs et contestations à droite.

Malgré la violente offensive dite sécuritaire, engagée depuis le discours de Grenoble, le président demeure dans les tréfonds de l'impopularité (64% de mécontents, 36% de satisfaits, selon un sondage Ifop-JDD du 22 août). Qu'a-t-il gagné, au prix de tant d'outrances ? Une meilleure écoute des électeurs du Front national (7 points de mieux chez les sympathisants du FN, 2 chez ceux du FN), mais une fracture toujours plus grande du pays et un rejet sans précédent chez les cadres supérieurs et les professions libérales (79% de mécontents, «niveau le plus élevé avec celui des salariés du secteur public», note le JDD).

(...)

François Fillon et la quasi-totalité de ses ministres se taisent : les vacances d'été peuvent l'expliquer... mais elles s'achèvent. Et les voici, eux, comme l'armée de parlementaires UMP, promis à une débâcle électorale en 2012 au pied du mur.

Car la déroute de 2012, semaine après semaine, devient une hypothèse crédible. Selon un sondage Viavoice publié par Libération ce lundi 22 août, plus d'un Français sur deux (55%) souhaite que «la gauche gagne la prochaine présidentielle», contre 35% d'un avis opposé. «Ce différentiel de vingt points n'a jamais été aussi élevé», précise l'institut qui pose cette question depuis février.

La lente construction d'une alternative politique, chez les écologistes comme dans les forces de gauche traditionnelles, vient donner des perspectives à un rejet épidermique de la personne du président de la République. Tout cela, les parlementaires UMP et les anciens responsables de la droite écartés par le clan présidentiel le savent parfaitement. Cette rentrée risque fort d'être la leur. Contre l'Elysée.''

© extrait d'un article de François Bonnet sur mediapart.fr