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Gagner beaucoup d'argent,
avec les zones inondables,
c'est facile.

  • Ne pas entretenir les digues ; en casser même pour rétablir "la vue" sur mer.
  • Ne pas entretenir l'environnement nécessaire à l'évacuation rapide des eaux.
  • Attendre patiemment une catastrophe.
  • S'agiter beaucoup pendant la catastrophe, s'émouvoir, dire Ce n'est plus possible, des gens souffrent.
  • Annoncer que l'on va faire un plan qui délimitera les zones dangereuses.
  • Tracer ce plan rapidement, à la hache, sans consulter les habitants, ni les élus locaux, ni même examiner les maisons dans le détail, chaque maison, chaque lieu.
  • Refuser toute concertation, tout appel au bon sens, toute observation élémentaire, par exemple de maisons qui tiennent depuis plus d'un siècle devant toutes les tempêtes et raz-de-marée ; ou qui n'ont jamais été inondées, ou si peu que cela n'a jamais posé de problèmes à leurs habitants.
  • Exproprier beaucoup, indemniser un peu.
  • Tout raser avec police et bulldozers.
  • Attendre patiemment quelques années.
  • Annoncer qu'il faut faire quelque chose pour cette région encore un peu sinistrée économiquement après les terribles inondations (remontrer les images terrifiantes), qu'il faut donner de l'emploi, retrouver un grand élan grâce de grands travaux de modernisation d'infrastructures magnifiques unissant le privé et le public.
  • Vendre les terrains des zones inondables à des promoteurs immobiliers soucieux de réhabiliter toute la zone avec des constructions solides, belles, alléchantes, créatrices d'emplois et d'emplois et d'emplois et de bien-vivre.
  • Leur accorder diverses aides pour leur bel engagement au service de toute la communauté.
  • Les laisser construire de beaux bétons avec de belles fondations et même un rez-de-chaussée non habitable pour ne pas retomber dans les erreurs du passé ; des hôtels, casinos, grands ensembles... sur pilotis, en quelque sorte.
  • Se réjouir de sa grande patience et des grands bénéfices.
    Et de "la vue" désormais imprenable, hi, hi, hi, hi.

Zones noires, zones en or.

C'est exactement ce qui s'est passé à la Nouvelle Orléans. Mais nulle part ailleurs, heureusement. Tous les détails dans le livre ci-dessous, brillant et d'une intelligence époustouflante, que je vous recommande une fois de plus, comme à chaque catastrophe. Vous pourrez même y lire ce qui pourrait se produire à Haïti en vous référant à ce qui s'est passé après le tsunami asiatique de 2004.

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Un documentaire sur les principaux thèmes de cet ouvrage, et ayant le même titre, vient de sortir, à Paris, dans une seule salle, rue Ecole de Médecine, à une seule séance, 13h. Curieux, cette faible médiatisation.

© photos Manga Duchmoll & Actes Sud